Des Perruches à Collier en liberté

L'influence humaine a quelquefois changé les "habitudes" de la nature. Quelquefois l'introduction de nouveaux Oiseaux dans des lieux où ils n'existaient pas a fait que ceux-ci s'y sont acclimatés et se sont reproduits pour y rester ; c'est le cas du Colin de Virginie en Corrèze, de la Chouette Chevêche en Grande Bretagne ou du Bec de Corail au Portugal.

On ne peut parler de tentative d'introduction, mais souvent des Oiseaux captifs s'échappent de leur cage ou volière. Les raisons sont nombreuses, cage renversée, porte mal fermée,... et malheureusement les départs en vacances (eh oui cela existe aussi...). Peu d'Oiseaux en réchappent, car les "prédateurs" ne sont pas loin : chats, Pies, Corbeaux,... Il en est qui survivent les premiers jours et qui finissent par se nourrir, se défendre contre notre "faune européenne", et parfaitement s'adapter. C'est le cas de la Perruche à Collier (Psittacula krameri), tel que le montre l'exemple ci-après, dans la propriété d'une de mes enfants, qui nous raconte ses observations.

Voici deux ans qu’une famille de ces jolis Oiseaux vivent dans mon jardin. Par un jour ensoleillé de printemps, j'entendis des cris bizarres autour de la maison. Ils ne ressemblaient pas à ceux que l'on a l'habitude d'écouter. Intriguée j'ai "pris l'affût" comme un chasseur pendant une bonne journée, et j’ai fini par découvrir que les cris étaient émis par de gros Oiseaux verts, lesquels ne ressemblaient surtout pas à nos habituels merles noirs ! Avec un peu plus de temps j'en ai déduit qu'il y avait deux Oiseaux identiques. Bien sûr j'ai appelé mon père, qui d'après ma description, m'a affirmé qu''il s'agissait d'un couple de Perruches à Collier.

Ces deux Oiseaux passaient leurs journées dans les grands arbres et semblaient en bonne santé. J'ai bien essayé de leur donner à manger en terrain découvert, mais sans succès. En premier lieu, mon père pensait les capturer dans le but de les sauver en les installant dans de grandes volières, mais au fil du temps, voyant leur vivacité, on a jugé préférable de les laisser en liberté. Il semble qu'ils trouvent largement de quoi se nourrir et qu'ils savent se protéger, car ils ont élu domicile dans les environs.

L'an passé, à la place des deux Perruches, on a vu une famille complète. Dans un des vieux troncs d'arbres qui ne manquent pas à cet endroit, le couple avait fait son nid, puis mené à terme une couvée. Il semble qu'au moins trois petits sont devenus adultes car je les ai vu voler en bande avec les parents. Mais les jeunes ont disparus, peut-être pour vivre leur vie ailleurs (sur les conseils forcés et certainement "musclés" de leurs parents qui s'étaient appropriés le territoire). J'espère qu'ils n'ont pas fini sous les dents d'un chat ou qu'ils n'ont pas été capturés pour se retrouver dans une petite cage.

 

L'hiver dernier, un peu plus rude, a vu le couple venir réclamer à manger, perché sur la clôture du verger. J'ai installé une mangeoire et un abreuvoir sur le bord de ma fenêtre de cuisine. Il n'a fallu que quelques jours pour qu'ils se décident à venir manger les graines de tournesol et autre nourriture, derrière mes carreaux de fenêtre. Ils ne semblent pas sauvages car on peut les regarder au travers de la fenêtre ou les prendre en photo de l'extérieur. Un élément étranger, ponctuel, ajouté sur la fenêtre, ne leur fait pas peur ; par exemple la "cocotte minute" les a intrigué longtemps car ils se voyaient dedans comme dans une glace. De temps à autre, un des deux se fâchait avec son image réfléchie, comme pour chasser un intrus. Depuis le début des beaux jours, ils viennent moins souvent car ils doivent trouver leur nourriture dans la nature.

C'est un bel exemple d'intégration contre nature, mais il ne faut pas oublier que ces Perruches sont originaires d'Asie et que les hivers y sont très froids. Il ne reste plus qu'à espérer qu'elles ne se feront pas trop repérer et que personne ne cherchera à les attraper.

Josette et Louis MALINVERNO - février 2004

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