Par un beau matin je vais visiter mes Oiseaux comme chaque jour et notamment pour guetter l'apparition du premier œuf. Et là…Miracle ! Il est "tombé", tout blanc, tout lisse de la taille d'une belle olive.

On peut d'ailleurs s'apercevoir que tous les œufs n'ont pas exactement la même taille, certains peuvent être plus petits mais les belles Perruches font en principe de beaux œufs. Certains, et cela m'est arrivé, sont très gros et quelques fois tachés de sang témoignant de la difficulté rencontrée par la femelle pour les extraire; ils n'éclosent, en général, jamais. Ces œufs trop gros peuvent aussi déceler la présence de deux embryons qui ne verront malheureusement jamais le jour.

Il est très important de surveiller une femelle prête à pondre, facilement reconnaissable par la taille de son bas-ventre qui a gonflé. Il arrive, Dieu merci rarement, qu'une jeune femelle ait le "mal de ponte", ne parvenant pas à expulser son œuf. Cette dernière affichant sans ambiguïté une attitude d'Oiseau malade, il faut intervenir très vite en tentant de l'aider. Une petite goutte d'huile d'olive introduite délicatement dans le cloaque ainsi qu'un léger massage du bas-ventre peuvent parfois suffire. A défaut, il faudra maintenir l'Oiseau au dessus d'une casserole d'eau chaude afin d'essayer de dilater le cloaque; mais cette technique reste délicate en raison des risques de brûlures. Pour être tout à fait franc, je dois dire que je n'ai que très rarement sauvé un tel Oiseau…

Mais revenons à la grande majorité des cas où tout s'est bien passé. Je me trouve donc face à ce petit joyau tout blanc et mon premier travail consiste à m'en emparer, chose qui n'est pas toujours facile, certaines mères refusant catégoriquement de quitter le nid. Employant les grands moyens, je me vois parfois dans l'obligation d'intervenir "manu militari" en saisissant délicatement celle-ci pour la déposer dans la cage, tandis que je décroche subrepticement le nichoir avant qu'elle ne revienne. Il faut parfois faire très vite !

Il faut aussi prendre garde que des femelles peureuses n'envoie "promener" les œufs en sortant du nichoir, ce qui pourrait être très fâcheux pour l'avenir de ces derniers. Mais là encore dans la majorité des cas, tout se passe bien et un petit tapotement à la porte de la boîte suffit à faire sortir gentiment la jeune maman.

Pourquoi prendre les œufs et pourquoi décrocher le nichoir me direz-vous ? Il est nécessaire de numéroter les œufs et donc de les dater en reportant ces indications sur un calendrier d'éclosion, un peu spécial. Je faisais cette opération avec un feutre indélébile jusqu'à ce que j'aie un doute sur son éventuelle toxicité en raison de la porosité de la coquille. Je le fais dorénavant avec un crayon à mine grasse en prenant bien soin de ne pas percer cette dernière. Le seul inconvénient vient du fait qu'il faut renouveler l'opération de temps en temps car l'inscription au crayon a tendance à s'effacer.

Le calendrier d'éclosion bien connu des éleveurs est basé sur un cycle de 18 jours correspondant à la durée d'incubation pour la Perruche Ondulée. Ce dernier est utilisé pour chaque couple. Si l'œuf a été pondu le 17 février, je coche la case 17 dans la colonne février (O = œuf) avec un feutre de couleur, la case en regard sera celle du 7 mars soit 18 jours après, date estimée de l'éclosion (E = éclosion). Je cocherai d'une autre couleur la case correspondant à la date effective de la naissance. Cette méthode visuelle me donne entière satisfaction et permet de voir d'un coup d'œil les nids à surveiller, ce qui est appréciable lorsque ceux-ci sont nombreux. Lorsque je découvre l'œuf le matin j'estime toujours qu'il date de la veille car la ponte intervient en principe à la mi-journée. Cette méthode donne satisfaction à 80 % sachant que le temps d'incubation peut varier légèrement selon les critères de chaleur, d'humidité, etc… (Certaines femelles ne commencent à couver qu'à partir du 2ème œuf).

Voilà donc le premier intérêt de numéroter et dater les œufs, le deuxième étant de pouvoir éliminer à coup sûr les œufs clairs après le mirage, méthode que nous allons voir un peu plus loin.

Pendant que nous effectuions ce petit travail administratif, notre future maman a peut-être eut (quelquefois malgré elle…) l'honneur et l'avantage de profiter à nouveau des assauts de son partenaire, ce qui est toujours une bonne chose. Il est intéressant de pratiquer de la sorte pendant la période de ponte (4 à 6 œufs en moyenne), notamment pour certaines femelles qui ne quittent pratiquement plus le nid après une première tentative de fécondation pas toujours réussie.

Les oeufs vont en principe se succéder tous les deux jours et au bout de 5 à 6 jours, vous allez voir changer l'aspect du premier œuf qui va, s'il a été fécondé, s'opacifier pour devenir d'un blanc plus intense, plus brillant, semblable à de la porcelaine. Vous allez obtenir confirmation par la méthode du mirage.

J'ai toujours un peu rechigné à manipuler les œufs, sauf au moment indispensable du numérotage, aussi ai-je trouvé une méthode qui me convient tout à fait et qui pourrait éventuellement s'effectuer avec la femelle dans le nid. Muni d'un stylo lampe (quelquefois offert à titre publicitaire), je mire les œufs dans le nid sans même les toucher, l'intensité du faisceau lumineux permettant un examen parfait.

Que voit-on ? Dès le 5ème jour quelques filaments rouges commencent à zébrer la coquille et dès à présent on peut considérer l'œuf comme bon. Quelques jours plus tard, la couleur générale vire au rouge sang, confirmant ainsi votre première opinion. Alors là, il n'y a plus rien à faire qu'attendre patiemment la date présumée en croisant les doigts pour que tout se passe bien car le petit tant espéré n'est (hélas !) pas encore né… Mais courage, nous avons brillamment franchi un second palier !

JCM -  Mars 2005